Une histoire d'amour

Publié le 26 Juillet 2015

Une histoire d'amour, cela commence souvent par, "il était une fois".

Je ne vais pas déroger à cette règle mais j'avoue que cela m'aide aussi à trouver le fil de mon histoire.

Ceux et celles qui me suivent depuis plus de 6 ans connaissent mon amour pour les chevaux et savent dans quelle situation pénible se trouve ma petite frisonne depuis plus de deux ans.

A son histoire de tendinite s'est rajouté une vilaine bactérie dans son sang qui lui a valu dix jours dans une clinique avec pose de cathéter pour lui administrer une bonne dose d'antibiotique toutes les six heures.

Plus de balade, plus de gambade dans les prés, mais je croise les doigts pour que tous les soins donnés, amènent à sa guérison complète.

Voilà l'introduction pour situer l'ambiance dans laquelle je me trouve au moment où......

Il était une fois, une cavalière à pied, allant soigner sa jument, comme tous les jours de ce mois de février.

C'était en fin de journée, une soirée sombre et froide.

Au bout de la grande rangée de box, se trouvait un affreux camion ouvrant sa grande gueule pour faire rentrer une jument apeurée.

La scène me dérangeait beaucoup, j'étais mal à l'aise.

Je décidais de faire le gros dos et me mêlais de mes affaires car je savais que cette jument était en transit pour satisfaire un petit commerce de chevaux au sein du club. Vite fait, mal fait, mais difficile de sauver le monde.

Têtue comme mon âne, je tournais les talons pour retrouver ma jument.

Mais voilà...

Imaginez un peu la scène. Les visages tendus, les larmes d'une jeune cavalière essayant de toutes ces forces de faire rentrer la grande jument dans ce trou noir, j'ai lâché ma brosse et me suis approchée.

Mais que se passe t-il ici?

J'entends le réponse de la business woman. Cette jument a un problème et ne peut travailler. Je la rends au marchand de chevaux qui l'emmène à l'abattoir.

Je rentrais tout juste de voyage et j'avais aperçu de beaux yeux en face du box de ma jument. C'était bien cette jument qui se débattait maintenant.

Vous est-il déjà arrivé d'être poussé par des voix intérieures et sans l'ombre d'une réflexion, mes lèvres ont prononcé le mot "combien?"

Oui, vous l'avez compris. Combien faut-il à ce marchand pour le faire changer d'avis.

J'ai entendu "ok" et l'affaire était faite.
je me suis retrouvée en une seconde et demie, propriétaire d'une jument dont je ne connaissais que ces grands yeux.

D'un ton autoritaire qui me surpris moi-même, j'ordonnais qu'on remette la jument dans son box.

J'ai vu des sourires, une atmosphère retrouvant la légèreté, puis tout le monde s'en est allé.

Je me suis retrouvais seule, face à face avec les grands yeux et ma petite voix intérieure me disant " et maintenant, à toi de te débrouiller!"

Bizarrement, j'ai réussi à dormir en remettant au lendemain, la panique qui restait au fond de mon coeur.

Mais le lendemain ne s'est pas fait attendre!

Au réveil je savais que ce n'étais pas la peine de me pincer, je n'avais pas rêver mes frasques de la veille!

J'ai mis trois jours pour comprendre la portée de mon acte. Cherchant de l'aide autour de moi, pour replacer cette jument dans un environnement ne la mettant pas en danger.

Pendant ces trois jours, j'évitais son regard.

Après les évènement du mois de janvier, je me sentais encore perdue. Voilà sans doute la raison de mon absence. 

Mais je vois que tout le monde a survécu!

Ne trouvant pas de solution, j'ai arrêté ma course folle. 

En regardant son livret d'identité, j'ai cherché à la connaître.

 C'était le premier morceau de puzzle que je commençais à poser.

J'ai fini par comprendre qu'il me fallait la regarder dans les yeux.

Et là commence mon histoire d'amour. Nous nous sommes regardées!

J'avais en effet en face de moi une grande jument aussi perdue que moi.

Le marchand qui l'avait emmené avait dit qu'elle était folle dangereuse et qu'elle était tout juste bonne pour l'abattoir. Alors les premières fois, je me suis fait aider pour l'emmener au pré au cas où cette folle dangereuse aurait envie de se venger des humains qui ne cherchaient pas à la comprendre.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour partir seule avec elle, et combattre mes appréhensions.

Elle me cherchait et je la cherchais.

Le moindre mouvement de tête exprimait la recherche de la confiance. Je finissais par lui montrer ma timidité, elle me montrait la sienne.

J'étais conquise.

Quand elle est perdue, je la sens approcher son bout du nez près de ma main pour respirer mon odeur.

Je ne porte que le parfum de moi-même. Celui sans doute qui rassure les chevaux!

J'ai fini par me poser les vraies questions.

Un coup de fil au vétérinaire pour connaître son problème physique.

J'espère que vous aimez les chevaux car cela risque d'être long.

Mes doigts tapent à une vitesse vertigineuse, me faisant revivre des moments impossibles à oublier.

Le vétérinaire me demande de la faire tourner à la longe. Je vais enfin la voir. L'observer, la contempler en prenant mon temps.

Un simple licol et une appréhension au ventre, je la fais tourner et je la vois, telle qu'elle est. Souple et ravissante.

Une arrière main puissante, un ventre montrant qu'elle a donné la vie au moins une fois.

J'ai retrouvé sur internet, un joli petit poulain dont elle avait donné naissance juste l'année passée.

Son pas est d'une élégance à la Ines de la fressange!

Son trot me laisse la bouche ouverte.

Le vétérinaire ne disait pas un mot. Il était tombé sous le charme.

Pas de panique, il fallait cherchait le fond du problème.

D'un commun accord, je décidais de lui faire passer le test des radios.

Le problème fut posé. La jument a une anomalie de développement des articulations, l'ostéochondrose, plus simplement appelé l'OCD.

Je ne vais pas vous faire un cours sur l'OCD, mais en résumé, ce sont de petites formations cartilagineuses qui se forment autour des jarrets ce qui peut provoquer souffrance et boiterie. Voilà le problème de cette jument folle dangereuse.

Refusant de céder à la panique stupide et improductrice, je me renseigne, j'apprends, je lis, j'appelle.

Trois vétérinaires se trouvent sur ma liste, et comme par hasard, les trois m'appellent le même jours, un le matin, un le midi et un le soir. 

Ceci n'est qu'un détail, pour moi il avait son importance. J'étais à l'écoute.

Tous les trois ont posé le même diagnostic. C'était opérable, on pouvait tenter. Il fallait tenter.

Mon premier choix s'est porté sur l'adresse donnée par un ami venu à mon aide. Cela me parut évident. C'était l'appel du midi mais c'était sans compter l'appel du soir qui me faisait douter.

Les trois étaient certainement très bons et je ne m'étais pas en doute leurs compétences, mais il y avait ce coup de fil du soir, celui qui m'intriguait, qui m'attirait et pourtant c'était la seule adresse qui ne m'était emmené par personne.

Je l'avais tout simplement trouvé sur internet en tombant sur un forum de cavalière de dressage parlant de l'OCD.

J'ai plongé, la peur au ventre mais bien décidé à suivre cette intuition qui se mettait timidement en marche.

Nous avons décidé d'une date. C'était l'adresse la plus éloignée. 

Seulement trois jours pour apprendre à la jument à rentrer dans un van.

Allait-elle tout démolir? Allait-elle me remettre en face de ma folie? Rien de tout cela ne s'est passée.

Quatre heures de route après, la porte de la clinique s'ouvrait.  

J'arrivais dans le paradis des chevaux en souffrance.

Un homme aux yeux francs et sincères, m'accueillit. Me sentant perdue et anxieuse, il trouva les mots pour me rassurer.

La jument fut endormie. J'eu la permission d'être au coeur de l'évènement, assistant à l'opération, prenant des photos, filmant, posant des questions. Ne voulant pas déranger mais voulant tout savoir!

Me voilà obligée de passer tous les détails de peur de devoir écrire des pages qui deviendrait un livre. Je raccourcirai donc la suite des évènements, mais les photos sont assez parlantes.

Trois semaines de box. Trois semaines de marche au pas et trois semaines de paddock pour savoir si ma folle jument peut compter sur des jambes réparées et solides.

Profitant de cette période un peu compliquée, je m'aperçois que la jument à une sensibilité à fleur de peau, en recherche permanente de la confiance indispensable pour ne pas se laisser submerger par ses émotions.

Se sentant trahi par ce non respect de son côté sensible, elle s'est vu jugé à tort, d'un caractère de cheval dangereux.

Le temps est mon principal allié. Prendre sont temps et laisser passer ce langage verbal et muet qui permet de se comprendre et de s'apprendre.

Il est temps de vous la présenter et de vous remercier pour tous vos messages.

Pendant cette longue absence, je vous ai suivi en silence. Il me fallait ce silence pour laisser une nouvelle énergie se remettre en route après ce début d'année riche en évènement!

Voici Iluna, mon histoire d'amour.

 

jument bai brune
opération ocd du cheval
opération ocd du cheval

Les blessures n'empêchent pas une note d'humour.

Les bandages devant être changés tous les deux jours, c'était une fois les petits moutons, une fois les petits cochons, puis les tracteurs et les vaches!

bandages chevaux

Ce n'est évidemment pas la fin de mon histoire.

je pense qu'elle va durer longtemps, longtemps.

Riche en enseignement, Iluna m'a déjà appris à laisser parler mes intuitions ou plutôt à leurs donner toute ma confiance, à rentrer mes peurs et gagner de l'assurance.

Elle m'apprend le langage animal qui m'a toujours accompagné.

Elle me rassure en cherchant chez moi le confort moral et la stabilité.

Au début du mois de septembre, je mettrai à nouveau le pied à l'étrier si Iluna le veut bien!

Je vous laisse car je vais soigner mes éclopées de la vie!

A bientôt

jument bai brune

Rédigé par KineKelly

Publié dans #opration ocd du cheval, #histoire d'amour, #jument bai brune

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N
Elle est magnifique comme toutes les grandes histoires d'amour....<br /> Quel plaisir de rencontrer Iluna, racée et pleine de confiance, elle t'a choisie tout autant que tu l'as choisie !<br /> J'ai hâte de voir votre aventure : celle de la vie ! plein de bises et bravo.... (et bon rétablissement, avec des jambières comme ça tout ira bien !)
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S
Mais quel est le signifié d'Iluna?
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S
J'ai lu très atentivement ton histoire d'amour, 2, 3 fois, soit, peut-être, aussi, par le français, pas ma langue,soit parce-que il y a autant de nuances des sentiments à comprendre.<br /> quelle belle histoire, mème j'aurais voulu y faire partie, ou, en trouver une autre pour la vivre. Cependant je comprends aussi, qu'il n'y a que des belles choses, il y a aussi toute la douleur, passée par la jument, les incertitudes, tout l'éfort tien, de tous. <br /> cela me reconforte qu'il y ait des personnes comme toi, et que les animaux les puissent trouver dans son chemin.<br /> C'est belle, vraiment, cette histoire, avec un heureux final. Mais la vie continue et j'espère, je souhaite que toujours soit si heureux avec ta jument.<br /> Je vous embrasse.
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N
Merci de partager cette belle histoire. Et longue vie à lluna
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M
Quelle belle histoire vous avez su nous faire partager, tant d'émotions j'en ai les larmes aux yeux .alors longue vie à vous deux pleine d'amour .....et de ballades.<br /> A bientôt pour la suite de notre Iluna .
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H
Très belle histoire! Tout ira bien maintenant, je vous souhaite de belles chevauchées..et on attend des nouvelles:) Bon rétablissement également à la petite frisonne:)
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M
Une très belle histoire; je vais la faire suivre à ma petite fille qui adore les chevaux et veut devenir vétérinaire pour équidés.
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F
Ouf !!! Je comprends mieux ce trop long silence .... Quelle aventure ... Bravo et prompt rétablissement à Iluna ... Et à très bientôt !
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L
Une histoire bien triste qui se termine en beauté<br /> Je te souhaite plein de bonheur avec ce joli cheval
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A
Une très belle rencontre<br /> Je te comprends d'autant plus que ma jument a subi une arthroscopie l'année dernière et nous avons été très patient. Il fallait la marcher 10mn par jour sur terrain dur, douche, crème etc mais tu connais tout ça. Mais elle va bien et nous avons gagné en complicité. Bon courage pour la suite, tiens nous au courant !!!
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